Jusqu'à cette décision-là
Écrire un texte, quand on s’auto-publie, ce n’est qu’un petit bout du chemin.
En écrivant Premiers rôles, je ne savais pas que j’allais m’auto-publier. Mais j’ai toujours considéré que c’était une possibilité.
Pas tout à fait 2021, point final du premier jet. Ensuite, relectures. J’ai relu jusqu’à pouvoir anticiper presque chaque phrase. Et j’ai sollicité des relectures supplémentaires de plusieurs personnes de confiance.
Courant février 2021, je me présente. Et je résume Premiers rôles. Je le vends et je le défends. « Voilà qui je suis et voilà pourquoi vous devriez me publier », c’est l’idée de la lettre qui accompagne le texte.
Méthode d’envoi 1 : des emballages cartonnés, des timbres et destination maisons d’édition. Méthode d’envoi 2 : un document PDF, un formulaire rempli et un clic sur « Envoyer », destination d’autres maisons d’édition.
Mais pas n’importe lesquelles ! Non. J’ai sélectionné mes préférées au préalable. Certaines autres qui m’intéressaient aussi. Et surtout, celles qui publiaient le genre autobiographique de Premiers rôles.
Ensuite, c’est l’attente. Passage obligé. Presque une forme de torture, pour l’impatiente que je suis…
Certaines maisons d’édition promettent une réponse quoi qu’il arrive. D’autres indiquent qu’après un temps indiqué, l’absence de réponse est leur réponse, et c’est « non ».
Le délai varie. Dans le cas de Premiers rôles, je dois attendre entre 2 et 6 mois. Je me fais violence, je n’ai pas le choix.
La première réponse arrive après moins d’un mois. C’est « non », mais je reçois de beaux compliments. Je souris, heureuse d’avoir eu un retour personnalisé. Je ne me fais pas d’illusions : tout le texte n’a pas été lu. Suffisamment par contre pour une explication sur-mesure.
Deux réponses suivent la première de près. Je suis étonnée. « Déçue en bien », comme on dit en Suisse, parce je suis informée rapidement et que c’est « non » et « non ». Ces fois-ci, ce sont des refus-type et robotiques. Vu la charge de travail des maisons d’édition, je ne leur en veux pas, malgré la déception.
Et là, on me dit « oui ».
Ma réaction m’étonne encore aujourd’hui : sauts et cris de joie pendant une minute. La minute suivante, un élan de pragmatisme.
Plusieurs e-mails sont échangés. Je pose toutes les questions qui me viennent, je lis et je relis le contrat. Je négocie aussi.
La maison d’édition se montre disponible. À l’écoute.
Mais les termes du contrat sont apparemment gravés dans le marbre. Et certains ne me conviennent pas.
J’ai osé laisser passer cette chance.
En même temps, pour un nouveau travail, accepteriez-vous d’être engagé.e si tous les termes du contrat ne vous convenaient pas ? et si aucune place n’était laissée à la négociation ?
Entre avril et mai 2021, j’envoie Premiers rôles à 2 autres maisons d’édition. Avec le nom et la recommandation d’un auteur que je connais bien. Oui, tout fonctionne par « tuyau » aussi dans le monde de l’édition !
Le délai maximal de réponse est donc repoussé.
Si je n’ai pas de réponse, ou que des « non », d’ici décembre 2021, je m’auto-publierai.
Les mois passent. Une autre réponse, deux. Je m’agace un peu. On salue la qualité de ma plume, on complimente ma façon de raconter. Pourtant, on me refuse cette publication.
Ces maisons d’édition craignent de ne pas pouvoir vendre mon texte. De ne pas savoir comment le promouvoir. Le sujet est trop personnel, trop inhabituel, trop inédit. Qui s’y identifiera ? Qui achètera ?
En novembre 2021, je suis déjà résolue à m’auto-publier. Et au fond, ça me paraît logique.
Premiers rôles raconte une partie de mon vécu.
Qui de mieux que moi-même pour le promouvoir ?
Décembre 2021 arrive. Avec lui, ma décision : je vais auto-publier Premiers rôles.